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  • : alceste , pensées d'un médecin atypique
  • : textes et reflexions d'un médecin sur l'ethique la philosophie , les grandes sagesses et notre société , tous cela en le rapportant à une quotidienneté teintée de l'approche d'une profession particulière
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 ma vie a été un peu chaotique 
 je suis un chercheur de vie , voici mes réflexions mes textes
  • je suis médecin ma vie a été un peu chaotique je suis un chercheur de vie , voici mes réflexions mes textes

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14 octobre 2007 7 14 /10 /octobre /2007 09:41
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Il fait beau aujourd’hui , une douce chaleur d’été indien , en cet automne qui sonne le rappel de saveur , parfum et effluves , de son ,bruit et cris , de couleurs , lavis ,pastels de rites de la petite humanité des gens simples , de taches et travaux paysans , de devoirs scolaires de cartables en cuir éculés , de joies enfantines de pleurs amers , de famille .
Il y avait un tableau en notre modeste demeure dans la petite école des champs que je ne peux oublier. C’était une huile d’un peintre inconnu à l’époque, fort prisé maintenant. Une huile qui parlait des coteaux de Touraine , de couleurs de l’automne avec cette route couverte de feuilles esseulées , mais pour moi comme dans ces fameux test psychologiques j’y voyais un homme qui me fixait , et me terrifiait . Plus tard adulte j’ai recherché l’homme au couvre chef d’apothicaire, et je l’ai retrouvé, oui il était là me narguant : alors « toinou » qu’as-tu fait de ta vie ?
Comme ma mère j’adore cette saison, parce qu’elle est nostalgique, mais cette douce nostalgie des romantiques, cette douleur Baudelairienne : « sois calme ho ma douleur » , cette douce souffrance qu’on aime à cajoler , elle est sans regrets elle est simple saveur du passé .
Quand les première feuilles mordorées tombent à mes pieds, je hume l’air à la recherche des saveurs mycologiques, que je sais cachées dans le sous bois, et j’écoute les bruits de champs, le brame du cerf, je scrute le vol des derniers migrateurs que je voudrais saluer, et me reviennent ces moments oh combien si simple, mais si fort en ritualité familiale, en douceur de vivre surannée.
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       Oui j’ai aimé ce temps de ma vie, où tout était si simple si évident. Un monde accompli qui se suffisait à lui même , sans besoin d’espoir ou de regret , un monde d’humain qui marchaient encore sur la terre boueuse des champs , sur les chemins de pierres crayeuse de la douce vallée de la Loire avec ses troglodytes qui vous regardent de leur œil borgne , de boulanger qui s’essuie les mains sur son tablier de travail crasseux en vous servant le « pain de deux » , de boucher qui dépose avec componction cette tranche de viande dans un papier journal que distraitement vous lisez , d’épicier qui vous met dans votre cabas UN yaourt , DEUX œufs et une mesure de lait dans cette vénérable laitière en alu avec ce couvercle à chaîne qui ballote quand vous courrez vers la maison . 
OUI je l’avoue j’aime à me replonger dans cette époque, si bien décrite par Tati , un monde naïf mais comme elle était douce cette naïveté .
Non je n’oublie pas ce qu’il avait de dur ce monde, mais pouvez vous prétendre que le notre ne l’est pas ?
Naïf oui, ces belles dames qui descendaient de la caravelle d’air France avec leurs sacoches aux couleurs de la compagnies dont chacun rêvait de se procurait un exemplaire, et leur manteau de fourrure, ces belles dames qui ressemblaient toutes à Jacquy Kennedy et ces messieurs à jean Gabin, ces belles citroëns DS dans lesquelles ils s’engouffraient, moi je n’étais pas jaloux, j’en rêvais c’est tout. Je n’imaginais même pas qu’un jour je prendrais l’avion .Le monde était ainsi, rêveur, pas jaloux, mais combattant courageux, aussi, comme mon oncle Jean, qui débutant « représentant » (et non pas force de vente) comme on disait, devint PDG d’une boite internationale. Forte personnalité, ancien militaire, boxeur, au physique de lino Ventura ( geo paquet pour les connaisseurs ) , il roulait avec de belles voitures , combien de femmes , combien d’enfant ? A table un verre de « scotch » à la main, il nous racontait ses aventures et comment précisément il négociait ses contrats fabuleux , en utilisant ses travers de breton ….IL mourra dans les bras de sa dernière femme , victime d’une erreur médicale !!!!!!
Un monde ou chacun avait sa place, du bas de l’échelle au plus haut. Comme j’ai admiré les artisans, ces seigneurs de la matière, les mystérieux compagnons, ces petits métiers de tous les jours.
Quelle joie quotidienne que d’aller chez l’épicier le cordonnier , le menuisier avec cette merveilleuse odeur de sciure , et ces chutes de bois qui faisaient de si merveilleux jouets .
 Il me souvient de cet atelier  qui travaillait la corne juste à gauche du portail de mon école à Evron en Mayenne .Cette fragrance de corne je l’ai encore dans le nez , et bien entendu vous imaginez ces museaux de gamins qui s’attroupaient pour admirer l’artisan .
Un monde tout simple blanc et noir rouge et bleu, blanc et bleu. Chouan contre républicains, communistes contre républicains mais tout finissait en joyeuses agapes et les luttes se symbolisaient dans la capture de la dive bouteille.
Un monde de route ombragées , de routes de congés payes , de voitures pétaradantes de maréchaussées moustachue qui parfois se réveillait au passage de véhicule vrombissant , de cantonnier appuyés sur leur pelle , de pic nic sur les bas côtés non stabilisés , de papiers gras hélas abandonnés  .
Une vie simple et simplette. Une télévision sur ordre, gouvernementale mais aussi parentale, interdit de regarder belfegor !!! , des rites familiaux immuables, anniversaires décès, naissances, communions pour certains (pour les autres, moi je faisait partis des promis au purgatoire) de joyeuses ripailles, et de dominicales réjouissances.
Imaginez vous qu’il fut un temps avant les 35 heures où le jour principal pour aller manger au restaurant était le dimanche après la messe bien sûr .Ah ce rite du repas dominical, délivrance pour les femmes des sixties.Et ensuite la promenade, en habit de sortie ( du dimanche ), sur les boulevards ou dans les chemins de campagne, pas de « randonnée » en tenue de combat que vous faites maintenant sur les mêmes itinéraires !
Combien de fois ai-je médité sur la condition de la femme sommée de réussir un repas ce jour où même dieu est censé se reposer. Combien d’humiliations subies malgré une matinée passée aux fourneaux, du style : « ça manque de sel ».
Moi j’aimais accompagner ma mère dans la cuisine, c’était ma façon d’être à son contact ; J’enregistrais tout ce qu’elle faisait et la nature m’ayant doté d’une mémoire hors norme j’enregistrais ces recettes que je reconstituais plus de 20 ans après.
C’est du reste peut être pour cette raison que je fais moi-même la cuisine , mais précisément pas la grande cuisine , non la cuisine de tout les jours celle des femmes .
Que dire encore et encore, toujours ces choses banales qui me sont si chères !
En réalité je voulais juste vous faire palper ce monde qui vous ne pouvez même concevoir.
Il fut un temps ou les hommes étaient des hommes et les femmes combattaient pour leur dignité, mais malgré cela il fut un temps qui avait la consistance de la vie.
 
 
 
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commentaires

V
Ca sent bon, autrefois, ça sent bon la vraie vie, les choses avaient un sens, et les sens étaient émoustillés de petits riens....Merci, de nous le rappeller, même si ça fait un petit pincement  nostalgique! au coeur !
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H
Et dans un temps où la vie est tellement sans consistance que quand on perd pied on ne touche jamais le fond, qu'est-ce qui est censé nous motiver à combattre, à nous battre encore ? Et où trouverons-nous la force...
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